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Samlaut - La vedette d’Hollywood Angelina Jolie a conquis les
cœurs d’anciens combattants khmers rouges, pour la plupart
rendus invalides par les années de guerre et aujourd’hui
oubliés de tous dans ce village situé dans le sud
de la province de Battambang. “Je possède maintenant
une petite maison et un bout de terrain. Bientôt, je cultiverai
mon propre riz”, explique Kao Buon, manœuvrant avec difficulté
mais persévérance son fauteuil roulant au milieu des
arbres abattus et des broussailles. Armé d’une lame
d’un mètre de long, l’homme de 44 ans sue sang
et eau pour défricher ce qui devrait bientôt ressembler
à une rizière. “Je suis heureux”, relève-t-il
cependant.
Kao Buon fait partie des treize soldats souffrant d’un grave
handicap causé par les années de combat et bénéficiant
de l’aide de l’actrice à travers l’organisation
Cambodian vision in development (CVD). Le projet a été
mis sur pied voilà près d’un an. Ce cours délai,
assure Pen Sovann, un des notables de l’endroit, aura suffi
à améliorer les conditions de vie de la centaine de
villageois qui, pendant plus de trente ans, ont vécu dans
la guerre. La dernière fois qu’ils avaient dû
fuir l’avancée des combats, c’est en 1997. La population,
estimée à 22 000 personnes autour de Samlaut, avait,
une nouvelle fois, franchi la frontière pour se réfugier
côté thaïlandais. Cette nouvelle vague d’affrontements
avait été accompagnée, comme toujours, du dépôt
de milliers de mines antipersonnel supplémentaires. Dans
cette zone, une personne sur vingt-sept est handicapée après
avoir sauté sur un de ces engins, une proportion dix fois
supérieure à la moyenne nationale.
Aujourd’hui, au sortir de tant d’années de guerre,
Samlaut est une des régions les plus démunies du pays.
Les agences humanitaires ont alors tourné leur regard vers
elle. Ce sont elles, épaulées par les Nations unies,
dont Angelina Jolie est ambassadrice de bonne volonté, qui
ont aidé à ce que les fonds débloqués
par l’actrice parviennent à ce village. “Nous n’avions
pas d’argent et eux n’avaient rien”, explique Leng
Sothear, responsable de CVD.
La priorité est de rendre en cinq ans ce village autonome.
Pour l’heure, les récoltes de riz sont épuisées
en cinq mois. Pour tenter de redonner à ces habitants les
moyens de ne plus dépendre de l’aide extérieure,
un bœuf a été offert à toutes les personnes
amputées. Les valides ont quant à eux reçu
des outils agricoles. Parallèlement, de modestes maisons
ont été construites, des terres achetées et
les enfants envoyés à l’école. Les corvées
sont réparties en fonction du degré de validité.
Kao Buon, bien que cul-de-jatte, réussit à manier
coupe-coupe et hache. Il est en charge d’une partie du défrichage.
Sous Moen, 44 ans, a perdu ses deux bras et la vue en 1984 alors
qu’il essayait de désamorcer une mine. Il a alors appris
la musique. Aujourd’hui, il dirige un petit orchestre qui,
régulièrement, anime les soirées du village.
Kao Buon y bat le rythme sur son skor. Au cours de ces soirées
et des rondes, on retrouve une certaine gaieté. Les enfants
observent les adultes dont ils reproduiront bientôt les pas
de danse.
Sous Moen ne l’a jamais vue mais ne l’oubliera jamais.
Angelina Jolie est venue à Samlaut cette année avec
son bébé khmer, Maddox, qu’elle venait d’adopter,
au moment de son mariage. Elle faisait logiquement partie des convives
à cette fête, la plus importante. Qui est-elle exactement?
Moen hausse les épaules. “Je ne sais pas vraiment, concède-t-il.
Tout ce que je sais, c’est que cette année a été
meilleure que la précédente et qu’elle a contribué
à ce bonheur.”
Luke Hunt (AFP)
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