Sien Kum habite une modeste cabane. Elle fait partie des couches
les plus défavorisées de la capitale. Pourtant, son
propriétaire lui impose des prix supérieurs à
la moyenne. Remplir sa petite jarre deau lui coûte ainsi
2 000 riels tandis quun kilowatt délectricité
lui est facturé 1 800 riels. Nous les pauvres, nous
payons plus cher que les autres alors que nous arrivons péniblement
à gagner 2 000 riels par jour. Nous navons, de plus,
accès à aucun service public, cest pourquoi
nous devenons otages des compagnies privées. Cette
femme, mère de sept enfants, ne fréquente jamais les
structures publiques de santé. Elle serait obligée,
pour le faire, de sendetter auprès de ses voisins.
Le cas de Sien Kun nest pas une exception. Elle était
invitée hier à témoigner au cours dune
réunion organisée à linitiative de la
mairie en collaboration avec la Banque asiatique de développement
(Bad). Les conditions de vie des citadins déshérités
étaient au centre des discussions. Plusieurs dentre
eux ont évoqué la misère dans laquelle ils
survivent. Leurs récits devraient être pris en compte
pour élaborer une politique daccès aux services
sociaux pour ces couches défavorisées. Une étude,
financée à hauteur de 100 000 dollars, a été
entreprise par la Bad.
Mann Chhun, directeur du cabinet de la municipalité,
estime à 200 000 le nombre Phnompenhois entrant dans cette
catégorie, soit près dun cinquième de
la population. Leurs revenus quotidiens ne dépassent pas
2 500 riels par jour. Pour soulager ces familles, la mairie dit
avoir mis en place un système de micro-crédits. Mais
Samreth Sokheng, coordinateur de lONG Urban Ressources Center,
déplore que largent ainsi débloqué ne
parvienne jamais dans les poches des plus pauvres. Il y a
toujours beaucoup de Projets mais qui restent au stade dintention,
affirme-t-il.
Mu Sochua, ministre des Affaires féminines, invitée
elle aussi à prendre la parole au cours de cette réunion,
a dénoncé la corruption qui prévaut dans les
services publics et qui en prive, du coup, laccès à
ceux qui sont sans le sou, en tête desquels des femmes et
des enfants. Si laccès aux services publics était
égal pour tous, nous réussirions à éradiquer
la pauvreté, estime-t-elle. Mais dans les faits, les pauvres
sont contraints de se rabattre sur ces services privés pour
lesquels ils dépensent des fortunes.
Chheang Bopha
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