Lutte contre le sida

Des succès et de nouveaux défis

 

Dans le combat contre le sida, le pays a enregistré des succès spectaculaires au cours des dernières années. Mais l’épidémie n’est pas vaincue, loin s’en faut, et il est nécessaire d’adapter le dispositif de prévention et de soins aux évolutions des modes de transmission qui transforment le profil de la population touchée. C’est l’objectif du “Plan stratégique 2006-2010 pour une réponse globale et multisectorielle au virus du sida”, lancé officiellement hier. En 1997, a-t-il été rappelé par Douglas Gardner, Représentant résident du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), 3% de la population adulte était affectée par le virus. Aujourd’hui, cette proportion est tombée à 1,9%. De plus, l’épidémie a reculé parmi les populations à risques et la mortalité due au virus, qui a tué 85 000 personnes au cours des cinq dernières années s’est stabilisée. Ces résultats font que le Cambodge “est l’un des rares pays dans le monde à être en  mesure de remplir les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) dans le domaine de lutte contre le sida”, a souligné Douglas Gardner.

Pour ne pas laisser le virus reprendre du terrain mais le faire reculer encore, il est cependant indispensable de tenir compte de nouvelles données. Ainsi, a remarqué Hong Sun Huot, président de l’Autorité nationale anti-sida, le taux de transmission du virus entre mari et femme progresse, si bien que la moitié des nouveaux cas sont des femmes mariées tandis qu’un tiers de ceux-ci concerne des enfants contaminés par leur mère. De plus, l’épidémie se déplace vers les zones rurales. “Il faut que le travail de prévention dans ces zones rurales soit renforcé”, a insisté le vice-Premier ministre Sok An. “Nous constatons que des hommes vivant à la campagne viennent travailler en ville. Cela augmente le risque qu’ils ramènent le virus dans leur famille quand ils reviennent à la maison”, a noté Sok An. Selon lui, il est important d’impliquer les conseils communaux dans la prévention. “Jusqu’à maintenant, de nombreuses autorités locales ne se préoccupent pas de la lutte contre le sida, pensant que c’est le travail du ministère de la Santé. Il faut remédier à cela”, a insisté Sok An.

Le recul de l’épidémie est en partie le fruit des campagnes menées en faveur de l’utilisation du préservatif, campagnes qui ont d’abord visé les prostituées et les propriétaires de maisons de passe. Ces campagnes ont entraîné une diminution du nombre d’hommes fréquentant ces endroits. Mais dans le même temps, les spécialistes remarquent que les hommes ont tendance à se tourner vers des partenaires qui ne sont pas des prostituées professionnelles avec lesquelles ils ne trouveront pas nécessaire de protéger les rapports sexuels. Cette situation demande également une adaptation de la prévention. Enfin, l’épidémie a tendance aujourd’hui à se développer auprès de populations spécifiques : les homosexuels et les jeunes qui passent des amphétamines aux drogues injectables.

Avec l’aide de la communauté internationale, les autorités ont prévu de consacrer 352 millions de dollars sur la période 2006-2010 à la lutte contre le sida. Tant dans le domaine de la prévention que de l’accès aux soins. Aujourd’hui, selon les chiffres officiels, 12 000 personnes bénéficient d’une thérapie anti-rétrovirale. L’objectif est d’en faire profiter 19 000 en 2010. “Les infrastructures de santé existent dans toutes les provinces. Il est seulement nécessaire de les renforcer en les faisant travailler étroitement avec les ONG et les responsables locaux du ministère”, a noté Hong Son Huot. Cependant, le combat contre le sida n’est pas dissociable de la lutte pour la réduction de la pauvreté. Comme l’a remarqué Douglas Gardner, la pauvreté pousse beaucoup d’hommes à abandonner leur famille et quitter leur femme. Si bien que beaucoup de femmes sont contraintes à vendre leurs corps pour survivre, avec tous les risques d’exposition au virus que cela comporte.             Ros Dina