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Articles de presse

La difficile réintégration des réfugiés des camps thaïlandais

Enquête

La difficile réintégration des réfugiés des camps thaïlandais

 

Chapeau : En 1998, les derniers Cambodgiens qui avaient fui le pays pour la Thaïlande prennent le chemin du retour. Cette dernière vague de réfugiés clôt le processus de rapatriement entamé en 1992, au lendemain des accords de Paris. Pour autant, la réintégration de ces rapatriés à la société cambodgienne est loin d’être acquise. Aujourd’hui encore, certaines discriminations perdurent. Lancement, ce week-end, d’une série d’articles sur la situation de ces anciens réfugiés.

 

Le 30 mars 1992 commence au Cambodge, sous l’égide du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), la plus grande opération de rapatriement jamais entreprise à l’époque. Plus de 360 000 Cambodgiens reviennent au pays après avoir vécu 5,10 voire 15 ans dans les camps de réfugiés en Thaïlande et à la frontière. On les appelle les “returnees”. Ils ont fui les Khmers rouges puis l’occupation viêtnamienne, abandonnant tout derrière eux : famille, terres, biens. Parmi eux, beaucoup espéraient gagner un pays tiers. Des rêves déçus. Un seul camp, Khao I Dang, placé sous l’administration du HCR permettait à ses résidents de quitter la Thaïlande pour l’étranger. Un droit accordé uniquement aux personnes reconnues comme “réfugiés” par le HCR. Les autres camps situés à la frontière étaient gérés conjointement par l’Unbro (United nations Border Relief Operations), une structure mise en place pour assister les Cambodgiens auxquels le statut de réfugié a été refusé, et les autorités du camp, qu’il s’agisse du FLNPK (Front de Libération nationale du peuple khmer), du Funcinpec ou des Khmers rouges. Leurs résidents n’avaient pas obtenu le statut de réfugié mais étaient considérés comme des personnes déplacées. Ils n’avaient pas d’autre solution que d’attendre la fin des hostilités au Cambodge. Le 23 octobre 1991 sont signés les accords de Paris qui mettent fin au conflit. Ils stipulent que le rapatriement des réfugiés doit s’effectuer avant les élections prévues au mois de mai 1993. C’est le début d’un vaste chantier qui ne prendra véritablement fin qu’en 1998 avec le retour des deux dernières vagues de réfugiés : la première est constituée par ceux qui avaient fui après les événements de 1997, la seconde a suivi la reddition des derniers Khmers rouges.

Le rapatriement a été considéré comme un succès, tant par le HCR que par le gouvernement cambodgien. Au niveau logistique, tout a effectivement été mis en œuvre pour que, conformément aux accords de Paris, les réfugiés reviennent à temps pour voter. Leur réintégration est loin d’avoir connu la même réussite. En 1995, le HCR lui-même dresse un premier constat mitigé sur la réintégration de ces “returnees” dans la population. Non seulement leurs conditions de vie sont plus mauvaises que celles du reste de la population mais surtout, ils ne peuvent survivre sans assistance.

Plusieurs facteurs expliquent cette réintégration particulièrement difficile. Le plus décisif : la terre. Un des objectifs principaux du rapatriement était de retrouver des parcelles aux rapatriés, qui, dans la plupart des cas, ne pouvaient prétendre récupérer celles qu’ils avaient abandonnées en partant. L’Assemblée nationale cambodgienne avait donné en 1989 son aval à la distribution de terres dans le cadre du rapatriement. Un rapport du HCR évalue alors à 173 000 ha la superficie nécessaire à l’installation des “returnees”. La localisation des terres disponibles s’effectue sur la base des informations fournies par le gouvernement, des satellites et une étude de terrain menée par les autorités locales. Mais plusieurs difficultés surgissent. Tout d’abord, la libéralisation de l’agriculture a provoqué une hausse générale du prix du foncier. Ensuite, la localisation par satellite ne permet pas de repérer les terrains minés. Pour finir, il n’y a aucun moyen de savoir si les terres disponibles appartiennent à des personnes déplacées.

Deux mois après le début du rapatriement, le HCR s’aperçoit qu’il ne sera pas en mesure de distribuer des terres à tous. L’agence onusienne met alors en place differentes options de réintégration. La première, l’option A, met à disposition des réfugiés un terrain pour vivre et pour cultiver. L’option B propose uniquement une parcelle destinée à abriter une maison. L’option C n’offre pas de terres mais de l’argent. Pressés de rentrer, la grande majorité opte pour cette dernière formule. Plusieurs membres du HCR reconnaissent que la mise en place de cette option fut une erreur. L’argent n’a pas été utilisé pour l’achat d’un terrain, comme le prévoyait le HCR. Une fois cette somme épuisée, ces familles se sont retrouvées sans rien.

Dans un rapport(*) commandé par le HCR, l’organisation humanitaire World Vision Australia dresse un constat sévère sur le rapatriement. Elle dénonce notamment la rapidité avec laquelle il s’est effectué, ce qui a finalement été un obstacle à sa réussite. Les procédures d’enregistrement des réfugiés et les campagnes d’information ont été bâclées. En définitive, affirme Archie Law, l’auteur du rapport, le rapatriement des réfugiés cambodgiens et les divers programmes du HCR ou d’autres organisations se sont concentrés davantage sur les mouvements de population que sur leur intégration. Les “Quick Impact Projects”, mis en place par le HCR et destinés à fournir les infrastructures de base aux villages accueillant des réfugiés, se sont révélés inadéquats. Carere (Cambodian Resettlement and Reintegration), créé par le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) en juin 1992 pour prendre en charge la réintégration des réfugiés sur le long terme, n’a pu être opérationnel que neuf mois après le début du rapatriement. Et son budget de 2 millions de dollars était par ailleurs trop limité pour mener à bien sa mission.

Les rapatriés ont longtemps souffert de discriminations. Les communautés de réfugiés formées au moment du rapatriement existent encore aujourd’hui et le mélange avec la population locale se fait rare, même si les relations entre “anciens” et “nouveaux” se sont améliorées. Reste le problème crucial de la terre, laissé en suspens à la fin du rapatriement, qui n’est toujours pas réglé.

Marianne Kerfriden

(*) Issues in Global Development, World Vision Australia Research and policy unit, A hollow success : the repatriation and reintegration of Cambodian refugees

 

Un village dans le village (I)

 

Pour accéder au village de Chamka Samrong, il faut quitter Battambang et emprunter sur quelques kilomètres une route en terre, caillouteuse. On aperçoit vite des maisons traditionnelles khmères au milieu de plaines verdoyantes. C’est à peine si l’on remarque un petit chemin cahoteux qui traverse la route principale du village et le long duquel se dresse une barrière en bambous. Elle marque la délimitation entre le village d’origine et le village nouveau. Le village nouveau, c’est celui qui a été construit au début des années 90 pour accueillir les réfugiés de retour des camps. Il n’est pas difficile de différencier les deux “camps”. D’un côté, se dressent de grandes maisons en bois sur pilotis. De l’autre, de modestes habitations en bambous. D’un côté, les terres sont cultivables. De l’autre, il n’y en a tout simplement pas. Sur les 808 familles habitant ce village, 220 sont des rapatriés.

Impossible de ne pas être frappé par les similitudes entre le village nouveau et les camps. Comme dans ces derniers, les terrains sont soigneusement délimités, 6 m sur 16 par parcelle. Comme dans les camps, la plupart des habitants ne quittent pas le village et s’approvisionnent sur place, dans de petites échoppes. Comme dans les camps, le système d’évacuation des eaux usées consiste en un fossé creusé le long des allées qui révèlent la structure quadrillée du village.

Ce village dans le village, c’est ce que le HCR a appelé, au moment du rapatriement, un site de réinstallation, construit pour ceux qui n’avaient nulle part où aller. A leur retour au pays, ils n’ont pu récupérer leurs terres, investies par d’autres familles. “Après tout, ils ont fui le pays comme des lâches”, entendaient-ils derrière leur dos dans leurs villages d’origine qu’ils ont d’abord rejoints. C’est parfois leurs propres familles qui les ont chassés. Alors ils se sont réfugiés ici. Au début, beaucoup ont été découragés par cette terre hostile qui n’était à l’époque qu’un vaste marécage. Mais c’est tout ce que le gouvernement a pu leur trouver et il a fallu s’en contenter. Le HCR s’est ensuite occupé de l’aménagement de ce bout de village, isolé du reste des habitations.

A 60 ans, Mao Thœin est à la tête d’un foyer de dix personnes. Malgré un visage creusé par les rides, elle ne paraît pas son âge. Elle accueille ses hôtes d’un large sourire édenté. Elle ne se souvient plus quand elle a gagné les camps mais elle se rappelle l’année de son retour : 1992. “Je suis rentrée avec le HCR. On a mis deux jours en bus. J’avais choisi l’option C, l’argent, car de toute façon, j’avais une maison de famille à Possam. Des proches y vivaient. Comme je ne m’entendais pas bien avec eux, je suis partie”, élude t-elle. Elle s’est installée à Chamka Samrong parce qu’elle y avait des amis, rencontrés à la frontière sur le site B. “Nous n’avions rien. Ni champs. Ni rizières. Rien de ce qu’on nous avait promis. Le gouvernement n’a strictement rien fait pour nous”, se désole la vieille dame. Comme la plupart des gens du village, elle travaille dans les rizières qui appartiennent aux villageois d’origine. Mao Thoein ne se plaint pas. Elle partage une petite maison en bambou de 12m2 avec son mari, ses enfants et ses petits-enfants. Elle regrette juste d’avoir perdu du temps dans les camps.

Un peu plus loin dans l’allée se dresse la maison inachevée de Toch Saom, 61ans. La construction a commencé en 2002 mais, faute d’argent, n’a pu être terminée. C’est donc sur un chantier que cette vieille dame coquette, qui porte des bijoux assortis, vit avec son mari et son petit-fils de deux ans. Elle et sa famille ont fui les Khmers rouges et vécu dix ans dans les camps, passant de l’un à l’autre au gré des attaques, pour finalement se retrouver à Khao I Dang. Là, sa famille a passé les tests ouvrant la porte à l’expatriation vers un pays tiers. “Mais nous n’avons pas été sélectionnés. Je crois que c’est parce que nous n’avons pas donné les mêmes réponses”, dit-elle comme pour trouver une explication 15 ans après. Saom raconte son histoire calmement. Elle explique pourquoi la vie dans les camps était plus facile. Là-bas, ils n’étaient pas livrés à eux-mêmes. “Au début, on parvenait à survivre grâce aux rations que nous distribuait le HCR. Mais après, il a fallu trouver du travail. J’ai même dû envoyer mes petits-enfants en chercher”, se souvient-elle, amère. A l’époque, le HCR avait en effet prévu de fournir de la nourriture pour 400 jours, le temps pour les rapatriés d’attendre les premières récoltes. Mais c’était oublier que la majorité était dépourvue de terres et donc sans aucun moyen de subsistance. Saom n’a pas oublié non plus les moqueries des villageois qui l’accompagnaient quand elle se rendait au marché. Elle disait à ses enfants de les ignorer. Elle reconnaît que, quelque part, sa communauté a reproduit la vie des camps. “Je n’ai pas eu d’autre choix que de venir ici, je n’avais pas assez d’argent pour construire près de mes proches”, regrette-t-elle. A l’étage de sa maison, la seule partie qui soit achevée, elle présente des photos de sa famille avant l’exil, le temps où elle était heureuse.

La bourgade nouvelle de Saom s’organise autour de son chef, Pring Oin. Il a pris ses fonctions, qu’il qualifie “d’informelles”, au moment de la création du village en 1993. Il avait alors 35 ans. Sélectionné dans un premier temps par le HCR, il a ensuite été démocratiquement élu par les habitants. “Ils m’ont choisi parce que je suis un ancien soldat. J’étais capable de les protéger des voleurs”, explique-t-il modestement. A l’époque, les rapatriés qui ont connu vols et pillages dans les camps sont effrayés à l’idée de devoir à nouveau faire face à l’insécurité. Pring Oin a combattu aux côtés des forces de Sok Sann. Il en porte d’ailleurs les marques indélébiles sur son corps, des tatouages identifiant les soldats du FLNPK. Vêtu d’un simple krama, il explique que sa fonction consiste à régler les querelles internes de la communauté et à jouer le rôle d’intermédiaire entre les rapatriés et les autorités locales. Il a beaucoup à dire sur la manière dont s’est opéré le rapatriement. “On nous avait promis à chacun un lopin de terre pour vivre et deux hectares de rizières [l’option A]. Nous nous sommes retrouvés avec un terrain de 6m sur 16. Comment, sans terres agricoles, pouvons-nous subvenir à nos besoins?”, interroge-t-il. Oin plante des choux dans les champs de ses voisins. Il travaille d’arrache-pied du matin jusqu’au soir pour nourrir sa famille de huit enfants. “Mais ça ne suffit pas”, se désespère-t-il. “Nos filles sont contraintes de se rendre dans les grandes villes pour devenir lanceuses de bière ou de travailler en Thaïlande dans des usines de confection”. Cette communauté de rapatriés vit en moyenne avec 300 000 riels par famille et par mois, soit 100 000 riels de moins que les villageois d’origine. “Nous ne serons jamais leurs égaux puisque nous ne possédons pas de terre”, insiste Oin. Mais ses réclamations n’ont jamais été entendues. “Les autorités locales font la sourde oreille”, glisse-t-il, las.

Au début, il existait une sorte de ségrégation entre les deux communautés du même village. “Les gens nous regardaient avec une certaine aigreur mêlée de jalousie. Nous étions ceux qui avaient abandonné le pays et nous revenions avec le HCR qui nous logeait, nous nourrissait et nous fournissait du matériel pour construire nos maisons”, explique le chef du village. “Aujourd’hui, les relations sont bonnes même si nous ne nous mélangeons pas.” Les responsables du HCR avaient insisté au moment de la réinstallation des rapatriés sur un point  crucial : éviter l’isolement. Mais le gouvernement cambodgien, faute de terres abordables dans les villages, s’est contenté d’installer les réfugiés en péripherie, sur des parcelles souvent plus petites que celles des camps. Et ce que le HCR craignait est arrivé : les “returnees” se sont retrouvés entre eux, stigmatisés par le reste de la population.

Sokhen, 47 ans, mère de famille, se souvient très bien des remarques blessantes que certains lui adressaient. “On ne m’appelait pas par mon prénom, mais par celui du camp dans lequel j’avais vécu. Quand j’allais sur le marché, j’entendais ‘Site B, Site B’.” Des railleries difficiles à supporter pour cette femme arrivée seule. Ses parents ont été assassinés par des proches khmers rouges au motif qu’ils soutenaient les Khmers serei, des nationalistes républicains. Quand elle est arrivée à Chamka Samrong, elle a choisi de prendre un lopin de terre. Puis elle a trouvé un emploi de domestique. Aujourd’hui, elle participe aux activités du comité du village dont elle a cependant refusé le poste de vice-présidente. “J’ai fondé une famille, je dois m’occuper de mes enfants. Et puis, je ne sais ni lire, ni écrire.” Elle s’investit également dans l’association des femmes, créée sur le modèle de celles qui existaient dans tous les camps à la frontière. Elle se dit aujourd’hui bien installée, même si elle estime comme tous les autres que la vie est plus dure ici que dans les camps. “Mais je me suis attachée à cet endroit. Même si l’on me donnait de l’argent pour partir, je resterais”, insiste-t-elle. Ses enfants vont à l’école et, depuis qu’un centre d’Enfants Réfugiés du Monde (ERM) a ouvert en 1997, ils bénéficient d’un soutien scolaire.

Au bout de l’allée où se dresse la maison de Sokhen, des cris d’enfants s’échappent du centre ERM. Tableaux, craies, salle de jeux pour les garçons, piste de danse pour les filles, tout est mis en place pour que les 200 enfants que le centre accueille chaque jour puissent travailler tout en s’amusant, suivant le concept développé par l’ONG (voir encadré). Quatre-vingt dix pour cent des enfants qui le fréquentent sont des fils et filles de rapatriés. Peu ont véritablement connu les camps. Cependant, l’histoire de leurs parents rejaillit sur eux. Beaucoup ont besoin d’une aide psychologique. “Je vois très bien la différence entre les enfants de rapatriés et les autres”, souligne Bup Mon, la directrice du centre, auparavant institutrice. “Les garçons sont beaucoup plus agressifs. En général, ces enfants ont des difficultés à communiquer avec les autres. Les expériences traumatisantes qu’ils ont vécues directement ou indirectement transparaissent dans leurs dessins.” L’un des animateurs, Keo Sotha, raconte ainsi qu’un enfant a un jour dessiné une personne sautant sur une mine. “Beaucoup veulent devenir médecins, pour aider les autres”, explique Sotha, qui a lui-même grandi dans les camps. Ce centre permet, en plus de l’école où les deux communautés se mélangent, de rompre l’isolement des enfants. 

Marianne Kerfriden

 

Encadré

Apprendre en jouant

 

L’ONG Enfants Réfugiés du Monde a débuté ses activités au Cambodge en 1997 et n’a eu de cesse de les développer depuis dans toute la province de Battambang où la majeure partie des rapatriés se sont installés. Elle a ainsi mis en place des centres d’animation qui accueillent les enfants une demi-journée, en complément de l’école.

Le leitmotiv de l’organisation est que le jeu et l’expression sous toutes ses formes constituent des outils essentiels pour la réhabilitation d’enfants traumatisés par leur expérience ou celle de leurs parents. ERM prend ainsi en charge la formation de l’équipe pédagogique qui assure le soutien scolaire, mais aussi toutes les activités physiques et artistiques qui contribuent au développement de l’enfant et à son équilibre. Les animateurs sont également assistés dans leur travail par des psychologues.

ERM s’efforce également de créer une dynamique communautaire partant du constat que l’épanouissement social, affectif et éducatif de l’enfant passe par son intégration dans la communauté et la société. L’association organise des sessions d’éducation communautaire sur des thèmes aussi variés que le droit des enfants, la nutrition ou encore la violence domestique.

Les treize centres d’animations d’Enfants Réfugiés du Monde accueillent aujourd’hui près de 2 500 enfants, âgés de 3 à 17 ans.                 MK

 

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Ensemble pour Sre Ambel