Le Cambodge ne sera pas à même de remplir d’ici
2015 les objectifs du millénaire, votés en 2000 par
l’Assemblée générale des Nations-unies
: le royaume avait pour charge de faire passer le pourcentage de
personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 36% de la population
(statistiques de 1999) à 19,5%. Or, ce taux ne devrait être
ramené d’ici 2015 qu’à environ 25%, a
annoncé hier Shyam P. Bajpai, directeur de la Banque asiatique
de développement (Bad) au Cambodge, à l’occasion
d’un séminaire sur la réduction de la pauvreté.
Et encore, a estimé ce responsable, ce seuil, déjà
en deçà des objectifs initiaux, ne pourra être
atteint qu’à condition que le Cambodge dispose d’une
croissance économique convenable.
La Bad relève certes plusieurs réalisations positives,
comme l’augmentation des inscriptions scolaires dans le cycle
primaire, la meilleure représentation des jeunes filles parmi
les élèves ou la politique de lutte contre le Sida.
Mais l’institution multilatérale pointe aussi du doigt
les failles persistantes dans plusieurs domaines clés : le
taux de mortalité infantile, le nombre de décès
de femmes en couche, la dégradation des ressources naturelles
ou encore le manque d’accès à l’eau potable.
“Les causes de la pauvreté sont nombreuses, a expliqué
Shyam P. Bajpai. D’abord, les secteurs économiques
compétitifs sont très limités. Ensuite, l’accès
à l’éducation et à la santé n’est
pas encore assuré. Enfin, dans les zones rurales, beaucoup
d’habitants pauvres ne peuvent plus profiter de la jouissance
des terres où ils résident, ainsi que des forêts
et des zones lacustres, qui sont devenus la propriété
de quelques-uns.”
Pour améliorer les choses, le directeur de la Bad fait d’abord
remarquer qu’une amélioration des méthodes et
des responsables du gouvernement est nécessaire. Enfin, sur
le plan politique, il importe d’impliquer davantage les citoyens
au niveau local aux prises de décisions qui les concernent,
et non pas de les solliciter uniquement à l’occasion
des législatives.
Pour l’heure, selon la Bad, le moteur économique incarné
par le textile, le tourisme et la construction ne suffit pas à
lui seul à sortir le pays de la pauvreté. Il importe
de trouver les moyens de fournir davantage d’emplois à
la population, et notamment aux jeunes, qui arrivent par milliers
chaque année sur le marché du travail. Seule une croissance
d’environ 7% serait à même d’assurer demain
le développement du Cambodge.
Et pour mettre à profit de nouvelles compétences,
la Bad propose à tous les journalistes cambodgiens de participer
à un concours organisé par le Club des journalistes.
Le but : rédiger d’ici deux mois un article de deux
à quatre pages sur les moyens de réduire la pauvreté.
Les quatre gagnants recevront des prix qui s’échelonneront
de 100 à 500 dollars. Ros Dina
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