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Articles de presse

Une rentrée placée sous de bons auspices

 

Une rentrée placée sous de bons auspices

Il est temps de renouveler les uniformes : le 1er octobre, les enfants reprennent le chemin de l'école. Pour cette rentrée, ils sont 37,37% de plus à venir prendre place sur les bancs de première année du primaire qu'en l'an 2000, date à laquelle les autorités avaient décidé la suppression des droits payants d'inscription, explique So Yeng, directeur adjoint du département des écoles primaires au ministère. Il nuance cependant l'importance de cette statistique, pronostiquant pour les rentrées prochaines une baisse du nombre des inscrits en primaire, les générations en croissance étant de moins en moins nombreuses.
Jeudi, les parents devaient inscrire leurs enfants à l'école. Tout du moins officiellement car plusieurs établissements ont depuis quelques jours déjà procédé à l'enregistrement des petits nouveaux. Pour raccrocher les derniers récalcitrants et autres retardataires, les autorités ont cette année décidé de faire appel aux directeurs des quelque 6 000 écoles primaires du pays, qu'elles chargent d'organiser un défilé tout éducatif pour faire passer le message sur le territoire qu'elles couvrent. Tout est bon pour mettre les enfants du pays en bon ordre dans les cours d'écoles.
La petite fille tirerait presque sur la manche de sa mère, lui demandant avec insistance pourquoi elle ne va pas à l'école alors qu'elle a six ans. Sa mère, prise au dépourvu, lui demande d'interroger son père. Le papa explique alors à son impatiente progéniture qu'elle est encore jeune et qu'ils n'ont de toute façon pas les moyens de l'inscrire. Heureusement, vient à passer près de leur maison une jeune mère qui a surpris leur conversation et décide d'intervenir énergiquement. Elle leur récite que "six ans est l'âge pour commencer l'école" et que c'est gratuit.
Depuis jeudi, ce spot est diffusé sur TV3, TV5, TVK et CTN, en alternance avec un autre clip où sont mis en scène les cauchemars d'embauche impossible, faute de diplômes suffisants, d'une élève, qui se réveille au milieu de la nuit paniquée, suppliant ses parents de ne pas la retirer du système scolaire. L'équation diplômes = emploi ainsi mise en avant porte le second message de la campagne nationale d'inscription à l'école : les élèves doivent étudier au moins neuf ans, soit jusqu'au grade 9 (niveau brevet). Il est vrai que, sur une classe d'âge, seuls 30% achèvent le cycle primaire, 14% entrent au collège et 6% atteignent le lycée.
Tous les supports sont bons pour faire passer le mot - télé, presse, radio - et quelque 60 000 affiches ont été distribuées et placardées. Soucieux d'améliorer ses performances, le ministère de l'Education, soutenu par l'Unicef, a opté pour le battage médiatique afin de mettre au cœur des préoccupations des parents la scolarisation de leurs enfants. Quand l'opération a été lancée en 2000, les autorités annonçaient la suppression des frais d'inscription pour l'enseignement primaire et secondaire. Aujourd'hui, on met davantage en avant les messages, insistant sur le fait que l'enfant entre à l'école au bon âge, soit 6 ans, et non à 7, 8 ou 9 ans. "En raison des abandons scolaires précoces, toute scolarisation tardive hypothèque un séjour long en milieu scolaire" et n'offre pas toujours la chance aux enfants d'échapper à l'illettrisme, souligne Peter de Vries, de l'Unicef, qui insiste sur l'intérêt de les maintenir scolarisés jusqu'à la classe de neuvième.
La politique du ministère de l'Education semble porter ses fruits. Depuis 2001, les écoles primaires du pays comptent 2,7 millions d'élèves contre seulement deux millions en 1997. Il est prévu d'atteindre les 95% d'enfants scolarisés en 2006-2007 parmi ceux en âge d'être inscrits en primaire (90,1% à la rentrée dernière), et, en 2008, les 50% au niveau du collège. La tâche sera ensuite plus périlleuse pour atteindre les 100%. "Les derniers enfants à scolariser sont souvent les plus durs à atteindre", confesse Peter de Vries. Les populations migrantes, difficiles à toucher, échappent ainsi aux filets des campagnes ministériels.
Le taux de scolarisation a néanmoins fait ces dernières années un bond dans les zones reculées. "Les enfants défavorisés ont largement bénéficié de la politique gouvernementale en matière d'éducation, avec notamment la construction d'écoles et la distribution de nombreuses bourses. De plus, le fossé entre filles et garçons scolarisés s'est considérablement réduit dans les écoles primaires et les collèges.
Point noir de ce tableau, l'abandon scolaire, largement imputable à la pauvreté et aux choix parentaux, et qui touche davantage les filles que les garçons. Sa courbe ne s'est guère infléchie ces dernières années, au contraire de celle du redoublement, en nette diminution, la propension des garçons à "repiquer" étant supérieure à celle des filles. Dans le cadre du Programme d'action prioritaire (Pap) lancé en 2000 dans dix provinces, des cours de soutien ont été instaurés pour les élèves en difficulté, tandis que l'accent reste mis sur l'éducation informelle, prise le plus souvent en charge par des ONG qui remettent à niveau des jeunes avant de les réinsérer dans le système scolaire, en partenariat avec le ministère. Un effet illustré par le travail de Care international auprès des minorités vivant au Ratanakiri.
En matière d'infrastructures, le ministère s'est fixé comme objectif, en prévision des effets de la campagne de scolarisation jusqu'en 9e, la construction d'un collège dans chaque commune, souligne le représentant de l'Unicef. Le pays en comptait 486 à la rentrée dernière.
Si l'accès gratuit à l'école a permis d'attirer davantage d'enfants, les parents continuent de mettre la main à la poche, soumis à une corruption quasi généralisée des professeurs. Mais les temps changent, veut croire Peter de Vries : "Avant on parlait de paiements 'informels', maintenant de paiements 'illégaux'".
Stéphanie Gée et Ung Chamrœun

29,6 millions de Cambodgiens en 2050
La population du Cambodge pourrait atteindre 29,6 millions d'habitants en 2050, selon les projections réalisées par le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap). Dans un rapport rendu public mercredi, L'état de la population mondiale en 2004, l'agence onusienne estime la population actuelle du royaume à 14,5 millions d'habitants, dont 19% vivent dans des zones urbaines; celle du monde entier s'élève à 6,4 milliards et devrait passer à 8,9 milliards en 2050. A cette date, le Viêt-nam et la Thaïlande compteront respectivement 117,7 et 77,1 millions d'habitants, selon ces calculs.
Le taux de fécondité au Cambodge est de 4,77 enfants par femme (sur la période 2000-2005), et seul un tiers des enfants naît avec l'aide de personnel médical. 30% de la population bénéficie d'un accès facile à l'eau potable, contre 84% en Thaïlande et 77 % au Viêt-nam. 73 nouveaux-nés sur 1 000 meurent avant l'âge d'un an (contre 5 en France). Quant à l'espérance de vie, si elle augmente, elle est toujours l'une des plus faibles de la région : 55,2 ans pour les hommes, et 59,5 ans pour les femmes.
Le taux de prévalence du sida est le plus élevé des pays du Sud-Est asiatique. Chez les 15-49 ans, il est de 3,7% pour les hommes et de 1,6% pour les femmes (contre 2% et 1,1% en Thaïlande). De plus, 19% des hommes et 41% des femmes de plus de 15 ans sont illettrés. Dans la région, seul le Laos fait pire (23% et 45% respectivement).
Ce rapport du Fnuap fait le point dix ans après la conférence du Caire sur la population et le développement. Notant des améliorations des plannings familiaux et de la lutte contre la pandémie de sida à l'échelle mondiale, les auteurs soulignent que "l'insuffisance des ressources, la persistance du parti pris sexiste et les lacunes dans la desserte des pauvres rendent de nouveaux progrès problématiques".
François Renaut




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