Pauvreté
La protection sociale, délaissée par l’Etat,
repose sur les ONG
“L’an dernier, le gouvernement n’a versé
que 38 millions de dollars au titre de la protection sociale des
plus pauvres. Les ONG et les donateurs, eux, ont déboursé
près de 500 millions de dollars dont plus de 200 sont allés
directement dans le soutien aux indigents”, a expliqué
hier Min Muny, chercheur et conseiller de la Banque mondiale, au
cours d’un séminaire organisé hier et aujourd’hui
sur la protection sociale et les nouvelles stratégies de
lutte contre la pauvreté. Une étude financée
par la Banque mondiale a recueilli des données de janvier
à mars de cette année sur les foyers les plus fragilisés
face à la misère dans six provinces du pays. Les maux
sont connus : problèmes de santé, déscolarisation
précoce, déracinement dans des zones urbaines (c'est
exactement ce qu'on fait, note de G~)... Face à ces difficultés,
les ONG semblent souvent largement plus à même que
les institutions de mettre en place une aide susceptible de profiter
directement aux populations concernées, explique Chan Sophal,
un autre chercheur. Cela peut avoir pour effet pervers de laisser
totalement dans les limbes la réflexion sur la protection
sociale que l’Etat doit accorder à ses citoyens, puique
d’autres s’en chargent. Il s’en suit un gaspillage
des ressources institutionnelles qui s’égarent parfois
dans des investissement à l’utilité non prouvée,
les questions sociales urgentes n’étant plus du ressort
des pouvoirs publics. Les deux ministères les plus engagés
sur la question de la redistribution sociale, les ministères
des Affaires sociales et du Travail,et celui des Affaires féminines
et des Anciens combattants, voient leurs ressources accaparées
quasiment en totalité par le versement de pensions, notamment
à la population nombreuse ayant eu des proches impliqués
par le passé dans les forces armées. La mise en place
d’un régime à la fois ambitieux et réaliste
de protection sociale fait donc partie des pistes suivies par le
séminaire pour établir une stratégie de sortie
de la pauvreté sur le long terme.
Ros Dina
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